Superbe mission, non ?


Survival Wonderland. Un putain de parc de l’horreur, qui, d’apparence extérieur pourrait se situer n’importe où, mais qui, de l’intérieur, est un parc tout à fait à part…

Je marche d’un pas vif en direction du cimetière, en me demandant ce qu’il se serait passé si je n’avais pas accepté cette foutue invitation. Si ça se trouve, à l’heure qu’il est, là, maintenant, tout de suite, je ne serais pas dans le noir, sous la pluie à me les cailler légèrement ; mais peut-être que je serais juste dans mon lit, à me boucher les oreilles pour ne plus entendre mes parents hurler de rage car ils n’ont plus leur putain de dose. Si ça se trouve, je serais juste en train de m’engueuler une énième fois avec eux, à cause de ça… Si ça se trouve… Stop.

Cette époque, cette lutte contre l’addiction de mes parents, me paraît bien loin, à présent. Alors que ça ne fait même pas si longtemps que je suis partie et que j’ai atterri ici…

Je m’arrête et pousse un soupir. Je sens les larmes me monter aux yeux. Non. Non. Non. Il ne faut pas que je craque. Pas maintenant. Une autre fois peut-être. Mais pas maintenant. Je n’ai pas le droit.

Je m’accroupis et m’appuie sur un genou pour refaire les lacets de mes rangers. Et puis après, je reste dans cette position un petit moment. Je baisse la capuche de mon manteau. Si je dois chopper la crève, autant l’attraper correctement. Je m’essuie les yeux, et je commence à réfléchir, tout en faisant quand même attention à ce qui m’entoure. Ici, on est jamais à l’abri, même quand il fait nuit noire, quand il pleut des cordes et surtout quand on ne voit pas à plus de trois mètres autour de soi.

Donc, donc, donc. Ma mission. Elle consiste à voler les âmes de cinquante morts-vivants. En les tuant une deuxième fois. La classe.

Je fronce les sourcils, encore une fois, et je me relève en direction du cimetière. Je marche d’un pas lent, cette fois-ci, en repensant à tous les films d’horreur que j’ai regardé jusqu’à présent. Je n’ai jamais vraiment fait attention à ceux où on apercevait des zombies. Ça ne m’a jamais vraiment intéressée, on va dire… Et puis franchement, comment je pouvais savoir qu’un jour ça pourrait peut-être m’être utile, hein ? Hahaha. Bon. Quoi qu’il en soit, c’est clair que je ne vais pas tomber sur des gugus tous roses tous frais qui vomissent des arcs en ciel.

Mon froncement de sourcils s’accentue. ‘Va y avoir des stades de décomposition horrible, pour certains. La peau verdâtre, pire qu’une anorexique qui n’a que de la peau sur les os, les orbites vides, le cartilage du nez et des oreilles pleins d’asticots blancs gluants… Beurk beurk beurk !!!

Mon corps est secoué d’un frisson assez brusque, un frisson de dégoût, de peur, d’inquiétude. Je sens ma nuque se « tendre » subitement après le frisson qui vient de me parcourir. J’ai des sueurs froides dans le dos. Ma gorge est toute déshydratée, d’un coup. Oh mon Dieu, oh mon Dieu, oh mon Dieu. Je viens seulement de réaliser ce qui m’attend.

J’arrive devant la grille du cimetière Je regard l’intérieur, à travers les barreaux de fer qui me séparent de cet endroit horrible. Les premières tombes apparaissent à une vingtaine de mètres du portail, éclairées par la pâle lueur des lampadaires qui se suivent les uns après les autres, dans l’allée centrale, qui est faite de gravillons blancs comme la neige, d’après ce que j’arrive à distinguer. Un autre frisson parcourt mon corps. J’en reviens toujours pas. Ce directeur est fou, cinglé, débile, il a un esprit perverti, il est malsain, il est sadique. Tout bon à enfermer dans un asile, sans oublier la camisole de force.

Ce que je suis en train de penser du Dirlo me réchauffe un peu, j’aurais peut-être un peu moins de scrupules à tuer une seconde fois des gusgus déjà mort. Si je garde mon sang-froid, je n’arriverais pas à en tuer énormément, donc bon…

Aller, aller, aller. Je dégage les mèches de cheveux qui se sont collées à mon front à cause de la pluie, je me dégourdie les jambes, sors mon couteau de survie et mon poignard, ainsi que l’écrin que le Dirlo-Psychopathe m’a refilé et je regarde le tout. Je décide de mettre de côté mon couteau de survie et de ne l’utiliser qu’en cas de besoin. Je le range donc dans une des poches intérieures de mon manteau, que je laisse ouvert. Je vérifie que le collier est toujours attaché à mon cou ; ce qui est le cas ; et, en prenant une grande inspiration, je pousse la grille du portail, qui grince légèrement, et j’entre dans le cimetière.

A priori tout semble calme. Je garde mon poignard prête à frapper, au-cas-ou il faudrait que je m’en serve à peine rentrée ici, et je me dirige vers une petite maisonnette en trottinant. Petite maisonnette qui est éclairée de l’intérieur, vu que les fenêtres permettent de voir l’intérieur de la maisonnette. Et avec la une cheminée qui fume, je suppose que quelqu’un est présent à l’intérieur.

Je donne trois coups rapides sur la porte d’entrée et me permet d’entrée pour me mettre à l’abri, et pour essayer de parler à José, un certain homme qui s’occuperait du cimetière, dont j’ai entendu parler, un jour.

Je reste au niveau du tapis d’entrée, et j’aperçois un homme, assis sur une chaise noire, devant une belle cheminée en marbre, me fixe. Je ne m’avance pas, je reste sur le tapis, garde mon poignard serré contre ma poitrine et je lui dis :

« Euh… bonsoir ! Euh… Je suppose que vous êtes José, le croque-mort de SW, donc… Vous devez être au courant pour ma mission. Enfin je suppose. Et… Je me demandais s’il fallait que je sache un truc en plus ou pas, pour les morts-vivants… Donc je me suis permise de venir vous voir. Mais si vous n’avez rien à me dire, beh je ressors, hein, pas de soucis !

Je penche un tout petit peu la tête sur le côté et j’attends une réponse de l’homme.