Mais bordel de merde, c’est quoi ce foutoir ?!


L’entrée, le portail, se referme derrière moi d’un coup sec. Je sursaute. Ça m’a légèrement fait flipper. Je ressers machinalement mes bras autour de mon ventre et je regarde autour de moi, et mon attention est directement retenue par un gus avec une oreille arrachée, qui pendouille « grâce » à un lambeau de chair, tout sanglant, qui s’approche dangereusement de moi, avec une sorte de harpon à la main. Et ça, c’est pas du faux, vu que derrière lui, y’a une vraie forme humaine entourée de sang. De vrai sang. Je le regarde avec des yeux ronds comme des billes et me précipite, en courant, à l’opposé de sa direction. Tandis que je cours sans m’essouffler, je saute par-dessus un cadavre. Enfin… une moitié de cadavre. Le buste, la tête et les bras d’un jeune garçon. Va savoir où est passé l’autre moitié. Je vais éviter de regarder le sol, à présent, parce que depuis que je suis rentrée, c’est-à-dire il n’y a même pas cinq minutes, j’ai déjà vu deux VRAIS cadavres (enfin un et demi) et j’ai échappé aux mains d’un psychopathe. C’est quoi le délire, là ?!

Au loin, j’aperçois une gamine, qui a l’air terrifiée. C’est pas possible, ils ont pas « invité » une petite gosse comme ça ?! Elle doit avoir quoi, 12 ans ? Prise de pitié, et comprenant à peine ou je viens d'arriver, et le danger que peut représenter chacun d'entre nous, je m’approche d’elle en trottinant, mais je garde quand même mes distances, pas qu’elle pense que je veuille l’attaquer. Je m’approche à une dizaine de mètres de la petite et je lève mes mains en signe de « paix ». Je baisse légèrement les yeux et m’aperçoit que les lacets de mes bottes de militaires sont défaits.

« Eh miss. Je crois qu’on est toutes les deux en train de se demander ce qui se passe, et si on peut se faire mutuellement confiance pendant un certain temps. Donc je vais juste te demander de ne pas m’agresser le temps que je fasse les lacets de mes rangers, ok ? Je suis rentrée ici depuis même pas cinq minutes et j’ai déjà vu deux crevés et un psychopathe, donc j’espère que tu fais pas encore partie de ces tueurs assoiffés de sang. » Je la regarde dans les yeux tout en enlevant mes gants et en les mettant dans une des poches de mon manteau, je mets les mèches qui sont devant mes yeux derrière mes oreilles, ce qui permet de voir mes écarteurs, puis, tout en continuant à la regarder dans les yeux, je me baisse doucement et fait un double nœud à chacune de mes bottes, puis je me redresse.

Je l’observe alors. Elle est petite. Elle a les cheveux et les yeux d’une couleur argentée, d'une coupe originale que je n'avais jamais vu avant, que je trouve très jolie. Elle a une peau pâle, ce que j’aime particulièrement. J’aurais aimé avoir la même peau qu’elle. Malheureusement la mienne est un peu plus foncée. Enfin bon. Continuons à la détailler. Elle est toute de bleu habillée. Elle porte deux ceintures, dont l’une d’elle avec plusieurs sortes de peluches d’animaux sauvages. Va savoir pourquoi. Elle n’a peut-être pas envie de s’en séparer, elle est peut-être trop attachée à ces peluches. Ouais, ça va peut-être lui permettre de pas devenir une tarée psychopathe qui pense qu'a tué, ces peluches. Je regarde alors son visage. Et ce qui me fait directement tilt, c’est qu’elle a d’énormes cernes sous les yeux. Manque de sommeil.

« T’as l’air fatiguée. » Je me rapproche d’elle, laissant alors seulement deux, trois mètres de distance. « Si tu veux, on se trouve un coin tranquille ou tu pourrais un peu te reposer. » J’hésite, je joue un peu avec les doigts de ma main droite, puis je tends finalement le bras, ce qui retrousse la manche de mon manteau, et donc celle de ma chemise, ce qui laisse donc apparaître une partie de mon bras tatoué. « Je m’appelle June. Alors, on s’allie, ou pas ? »

Je calcule le temps qu’il me faudra si la gosse refuse, et que je devrais par malheur me défendre en sortant un de mes couteaux. Faites qu’elle accepte cette foutue alliance.

Trouvons un endroit calme.


La gamine me regarde avec des yeux ronds, malgré les cernes énormes qui les soulignent. Puis elle me répond d’une petite voix fluette :

« Ou...Oui... Mais tu... Tu ne mens pas, hein ? Tu ne veux pas me tuer, hein, June ? »

Je la regarde et je me mets à lui sourire tristement. Petit sourire léger qui apparaît sur mes lèvres, et qui tente de se faire chaleureux, pour adoucir mon allure de vampire.

Je m’approche d’elle et je m’accroupis à son niveau, puis je regarde son visage, fin, pâle.

Je pose une de mes mains sur ses épaules et je lui dis gentiment :

« Ecoute miss, si je te proposes de faire une alliance, c’est pas pour te tuer pendant ton sommeil, d’accord ? De toutes façons, je m’en prendrais sûrement pas à une fille de ton âge, s’en prendre à plus petit que soit, c’est dégueulasse. Autant crever, jamais je m’en prendrais à plus faible que moi. Même s’il faudrait faire ça, je marche pas sur ce genre de chemin, moi. T’as rien à craindre tant que t’es avec moi. Aller, on va essayer de se trouver un coin tranquille, même si c’est pas gagné... »

Je me relève, mets une deuxième fois les mèches qui gênent mon visage en arrière, puis je lui choppe le bras, un peu brusquement, peut-être, mais je préfère dégager d’ici le plus vite possible, parce que là, on est JUSTE UN PEU BEAUCOUP à découvert. Et j’ai pas vraiment envie de recroiser le psychopathe-une-oreille de tout à l’heure.

Je « l’oblige » à marcher à mon pas, qui est assez rapide ; je suis presque en train de trottiner. Mais j’aime pas cet endroit de malade, j’aime pas qu’on m’agresse, encore moins qu’on essaie de me tuer, et je veux pas crever. Donc autant ménager la gamine en la traînant presque, je m’excuserais après, quand on sera au calme.

« Tu sais où on pourrait aller, gamine ? Oh, et aussi, tu t’appelles comment ? Parce que moi ça me gêne pas de t’appeler gamine, mais toi, ça t’emmerdes peut-être un peu. »

Je ralentis un peu mon allure et je passe, avec la gosse, derrière un petit chapiteau éclaboussé de rouge. De sang, sûrement. On va même pas chercher à savoir ce qu’il y’a dedans ou ce qu’il s’est passé, hein, parce que moi, ça m’intéresse pas. Même si des scènes de films d'horreur me reviennent en tête, je préfère secouer la tête et regarder la petite fille que je tiens par le bras.

« Aussi, si jamais on se fait agresser, t’as de quoi te défendre ? Parce que tes peluches, elles sont bien mignonnes, mais c’est pas en les balançant sur les méchants qu’on va les éloigner. »

J’essaie d’être ironique, mais à la fin de ma phrase, on entend une femme qui hurle. Une femme qui est en train de se faire tuer. Vous savez, ce hurlement de peur, ce hurlement qui signifie la fin d’une vie, ce hurlement de terreur ? Beh il vient de se faire entendre.

Je me stoppe, regarde la gosse aux cheveux d’argent, j’ai peut-être l’air un peu terrorisée, mais sans hésiter je la prends dans mes bras, la serre fort contre mon torse, et je me mets à courir. Se trouver une planque, il faut qu’on se trouve cette putain de planque.

.UP. C'est à Fea de répondre.

Deuxième .UP.
J'archive.